QU’EST-CE QUE LES TCC ?

Les thérapies cognitives et comportementales sont des thérapies issues directement de la recherche scientifique, que l’on applique au cas particulier d’un patient pour soulager sa souffrance psychique. Elles sont aujourd’hui largement recommandées par les professionnels de santé dans le traitement de troubles psychologiques variés et sont connues du grand public. La communauté scientifique reconnaît leur efficacité dans le traitement des troubles anxieux (phobie spécifique, phobie sociale, trouble anxieux généralisé, TOC, trouble panique avec ou sans agoraphobie etc…), des troubles de l’humeur (épisode dépressif majeur, trouble bipolaire etc…) et dans la prise en charge de la schizophrénie et des troubles du spectre de l’autisme. En 2004, un rapport de l’INSERM a été publié et a montré que la TCC était la thérapie la plus efficace dans quinze syndromes psychiatriques sur les seize qui avaient été étudiés (en comparaison avec les thérapies psychanalytiques et familiales).

Les TCC proposent une modélisation du fonctionnement humain basée sur les théories de l’apprentissage. Plus précisément, le postulat des TCC est le suivant : un comportement inadapté (ex. : le fait d’éviter de marcher sous les arbres à cause d’une phobie des pigeons) est le résultat d’apprentissages liés à des expériences passées (ex. : avoir été attaqué par un pigeon, sous un arbre plusieurs mois auparavant) qui se maintient par les contingences de l’environnement (ex. : les proches accompagnent la personne phobique dans ses évitements).

 

La TCC visera donc à remplacer un comportement inadapté par un nouvel apprentissage (ex. : il est possible de marcher sous les arbres sans que rien ne se passe) plus adapté et correspondant à ce que veut le patient. Bien entendu, les objectifs du patient seront à fixer avec le thérapeute en début de thérapie, et ce dernier favorisera le nouvel apprentissage en proposant une stratégie thérapeutique appropriée.

Il existe trois vagues en TCC, qui à elles trois permettent de traiter durablement un trouble psychique

  • La première est la vague « comportementale», qui met l’accent sur la modification des comportements observables. Ces comportements là permettent d’évaluer l’efficacité de la prise en charge (ex. : au fur et à mesure de l’avancée dans la thérapie, le patient évite de moins en moins de passer sous les arbres). Cette vague correspond au point de départ des TCC et s’est appuyée sur les théories de l’apprentissage.

 

  • La seconde est la vague « cognitive», qui s’intéresse aux processus de pensée conscients et inconscients, aux représentations que nous avons de l’environnement. Ces représentations filtrent et organisent notre façon de percevoir le monde, de percevoir autrui et de nous percevoir nous-même (ex. : si l’on a été abandonné durant l’enfance, il est possible qu’à l’âge adulte, lorsque l’on s’attache à quelqu’un, des pensées du type « de toute façon, il va forcément m’abandonner » surviennent fréquemment et influencent la relation). Prendre conscience de ces filtres permettra au patient de chercher des « pensées alternatives » qui permettront par la suite de réagir plus efficacement à une situation (ex. : ce n’est pas parce qu’il part en vacances sans moi qu’il va m’abandonner à je peux me détendre).

 

  • La troisième est la vague « émotionnelle», qui s’intéresse comme son nom l’indique aux émotions ressenties par le patient. Elle propose de modifier notre façon d’appréhender nos expériences intérieures par l’observation et l’acceptation. Elles ont donnée lieu au développement des thérapies de pleine conscience, par exemple.

Pour comprendre les problématiques psychologiques des patients, le thérapeute s’appuie sur ces trois vagues là, qui ont toutes les trois autant d’importance puisque liées entre elles : une situation déclenche des comportements, des cognitions (=pensées) et des émotions et ces trois entités interagissent entre elles. En prenant en compte tous ces éléments, le psychologue et le patient construisent ensemble une compréhension du problème, qui permettra la mise en place de stratégies thérapeutiques comportementales, cognitives et émotionnelles.

Les TCC sont des thérapies actives, qui visent la résolution de problème et le développement de nouvelles stratégies. Le cabinet du psychologue constitue le terrain d’entraînement pour le développement de ces stratégies, qui serviront pendant la thérapie mais aussi après, le but étant que le patient devienne autonome et puisse être son propre thérapeute. Le psychologue se doit d’offrir une écoute active, empathique, authentique et bienveillante et le patient doit faire au mieux pour pratiquer les exercices proposés pendant mais aussi en dehors des séances. En effet, développer des compétences psychologiques est un apprentissage, et chaque apprentissage requiert du temps et de la pratique. Malgré cela et bien évidemment, un bon psychologue sait s’adapter au rythme de son patient : il ne s’agit pas de forcer la main lorsque ce dernier a du mal à se dévoiler et/ou à se mettre à l’action. Nous prenons le temps qu’il faut, sans perdre de vue notre objectif : l’amélioration de la vie du patient.

Pour finir, les TCC sont des thérapies brèves allant généralement de quelques semaines à quelques mois.

LES TCC AVEC LES ENFANTS ET ADOLESCENTS

L’enfant et l’adolescent peuvent bénéficier au même titre que l’adulte des techniques thérapeutiques comportementales et cognitives. Le développement cognitif, affectif et comportemental impose des limites à l’application d’outils thérapeutiques.  Le thérapeute se doit de modifier le contenu et le déroulement de la thérapie en fonction du développement de l’enfant.

Dans bien des cas, le thérapeute travaillera en étroite collaboration avec la mère et/ou le père et/ou un proche de l’enfant. Plus l’enfant est jeune (ou plus le handicap psychique/mental est important), plus les parents devront apprendre à mettre en œuvre des stratégies de TCC pour aider à résoudre le problème de l’enfant. Il est primordial d’avoir en tête que patient ET thérapeute ET proches avancent ensemble dans la même direction.

Pour l’adolescent, on va adapter, avec peu de remaniements les techniques thérapeutiques utilisées chez l’adulte. Le soutien des parents est souvent nécessaire mais leur implication dans la thérapie n’est pas toujours indispensable.